L’œil qui pleure sans raison, la peau qui pique, la paupière qui gonfle… Un canal lacrymal qui se bouche, c’est inconfortable, parfois inquiétant.
Bonne nouvelle : des gestes simples, souvent « de grand-mère », soulagent vraiment, à condition de respecter quelques règles d’or et de savoir quand consulter.
Canal lacrymal bouché : quelles causes expliquent le larmoiement ?
Chez l’adulte, la cause est souvent une sténose progressive de la voie d’évacuation, parfois post-inflammatoire après rhinites ou sinusites. Plus rarement, un traumatisme nasal, une déviation de cloison ou une masse locale peuvent gêner le drainage. Le résultat est le même : la larme stagne et déborde.
Le contexte compte. Les allergies saisonnières, la sécheresse oculaire paradoxale, la blépharite ou certains collyres utilisés au long cours entretiennent l’irritation. Avec l’âge, les tissus perdent un peu de tonus et la pompe palpébrale devient moins efficace. Un larmoiement chronique n’est donc jamais « une fatalité » à accepter.
Chez le nourrisson, on parle surtout de dacryosténose congénitale : une fine membrane à l’extrémité du canal (valve de Hasner) tarde à s’ouvrir. Dans une majorité de cas, tout rentre dans l’ordre avant douze mois, surtout si l’on aide la nature avec des gestes doux et réguliers.
- Adultes : sténose, inflammation, séquelles traumatiques, causes mécaniques rares.
- Bébés : membrane distale persistante, terrain sain, évolution souvent favorable.
Quels symptômes repérer pour ne pas se tromper ?

Le signe phare, c’est l’épiphora : l’œil pleure, surtout au vent, au froid, à la lumière. On observe des sécrétions claires ou légèrement muqueuses au coin interne. La peau du canthus s’irrite, les cils collent au réveil, et la vision peut se troubler par film lacrymal instable.
Chez le bébé, le tableau associe larmoiement, petites croûtes jaunâtres et paupière parfois collée le matin. Ce n’est pas forcément une conjonctivite. Le test simple : après nettoyage, l’œil redevient vite clair, puis relarmoie dès que la stagnation reprend. Le contexte reste déterminant pour orienter.
À l’inverse, des signes d’alarme doivent alerter : douleur franche, rougeur intense, fièvre, écoulement purulent épais, tuméfaction douloureuse du sac lacrymal. On pense alors à une dacryocystite et on s’abstient de manipulations vigoureuses. Direction consultation, car l’infection nécessite une prise en charge rapide.
- Benin : larmes claires, irritation discrète, fluctuation selon l’environnement.
- Urgent : douleur, pus, fièvre, paupière qui enfle de manière asymétrique.
Comment déboucher les canaux lacrymaux naturellement ?
Le trio gagnant reste d’une simplicité désarmante : compresses tièdes, hygiène douce, massage du sac lacrymal.
La chaleur fluidifie les sécrétions, la toilette élimine les débris, la pression contrôlée augmente la colonne de liquide et aide à franchir le petit obstacle distal. Pas besoin d’artifices exotiques.
La compresse se prépare avec de l’eau propre, tiède, jamais brûlante. On l’applique cinq à dix minutes, deux à quatre fois par jour, sans frotter. La toilette se fait au sérum physiologique et coton propre, du coin externe vers l’interne, pour ne pas ramener d’impuretés vers le point lacrymal.
Évitez les gouttes « maison », les huiles essentielles non diluées, le vinaigre ou le citron. L’œil aime la stérilité et la douceur. La règle : si un produit pique franchement ou parfume la pièce, il n’a rien à faire près d’une muqueuse aussi fragile que la conjonctive.
- Compresses tièdes 5–10 minutes, 2–4 fois par jour.
- Toilette au sérum physiologique, coton propre, gestes lents.
- Massage bref après la compresse, jamais sur paupière très douleureuse.
Où masser un canal lacrymal, et comment s’y prendre ?

Visez le canthus interne, juste au-dessus du petit point lacrymal, le long de l’arête du nez : c’est la zone du sac lacrymal. Placez la pulpe de l’index là où l’os devient plus ferme. L’objectif est d’exercer une pression dirigée vers le bas et l’intérieur.
Chez le nourrisson, la technique de Crigler fait référence : mains lavées, index posé au canthus interne, pression ferme mais brève, poussée descendante en « petites pompes » trois à cinq fois, trois fois par jour. On favorise ainsi l’ouverture de la membrane distale, en sécurité.
Chez l’adulte, on reste sobre : courte pression dirigée après compresse tiède, sans insister si une douleur vive apparaît. Le bon indicateur, c’est l’amélioration progressive du larmoiement et la diminution des sécrétions. Si rien ne bouge en une à deux semaines, on évalue.
- Se laver les mains, préparer compresse tiède.
- Repérer le sac : coin interne, au bord du nez.
- Effectuer 3–5 poussées descendantes, brèves, contrôlées.
Pourquoi le canal lacrymal se bouche chez le bébé ?

La cause la plus fréquente reste la valve de Hasner, petite membrane persistante à l’extrémité du conduit. Elle se rompt souvent spontanément avec la croissance et la pression des larmes. Le pronostic est donc généralement bon, surtout si l’on accompagne par chaleur, hygiène et massages réguliers.
Les parents craignent la « conjonctivite » chronique, alors qu’il s’agit souvent d’un simple drainage insuffisant. Le nettoyage biquotidien, le massage court et les compresses suffisent dans beaucoup de cas. La clé, c’est la régularité : mieux vaut deux minutes bien faites que quinze minutes hésitantes.
Si, malgré tout, l’écoulement persiste au-delà de quelques mois, l’ophtalmologiste peut proposer un sondage du canal sous anesthésie courte, avec d’excellents taux de succès. L’intervention est rapide, le confort s’améliore en quelques jours, et la routine d’hygiène reste utile en entretien.
Canal lacrymal bouché avec paupière gonflée : que faire sans danger ?
Un gonflement modéré, non douloureux, peut provenir d’une simple stagnation. Dans ce cas, compresse tiède douce et hygiène soigneuse restent pertinents. En revanche, si la paupière est chaude, rouge, douloureuse, avec écoulement épais, stop : on suspecte une dacryocystite et on consulte rapidement.
Évitez toute pression énergique sur une zone tuméfiée. Le massage sur infection risque d’aggraver l’inflammation et de diffuser le germe. On garde en tête les signes généraux — fièvre, malaise — qui renforcent l’indication d’une prise en charge médicale prioritaire et d’un antibiotique.
Pour patienter en sécurité avant l’avis, restez minimaliste : compresse tiède non brûlante, sérum physiologique stérile, repos oculaire. Pas d’onguents improvisés, pas de recettes piquantes. Le confort reviendra plus vite avec un diagnostic clair qu’avec des bricolages hasardeux.
Remèdes de grand-mère : lesquels garder, lesquels éviter ?
À garder : la chaleur douce, l’hygiène au sérum physiologique, le massage court et précis, la réduction des irritants (fumée, poussière, maquillage sur la marge). Ces gestes ont une logique mécanique et respectent la muqueuse. Ils sont compatibles avec une éventuelle prise en charge médicale.
À éviter : les collyres maison non stériles, les huiles essentielles près de l’œil, le vinaigre, le citron, le bicarbonate concentré. Ces produits brûlent, sensibilisent, et compliquent l’évaluation. Règle simple : si vous n’oseriez pas l’appliquer sur une cornée, n’approchez pas l’angle interne.
- Oui : compresse tiède, sérum phy, massage bref.
- Non : huiles essentielles, vinaigre, gouttes non stériles.
Comment prévenir les récidives et les irritations?

Le secret tient aux routines minuscules. Démaquillez soigneusement, rincez les bords palpébraux, évitez les mascaras waterproof tenaces en période sensible.
En cas de blépharite, l’hygiène palpébrale quotidienne — chaleur douce puis nettoyage des bords — diminue les sécrétions épaisses et le risque de bouchon.
Pensez environnement. Pendant les pics de pollen, protégez l’œil (lunettes), lavez la surface au sérum après exposition, traitez l’allergie de fond si nécessaire. Au travail, ajustez ventilation et position des écrans pour limiter l’évaporation lacrymale et la fatigue de surface.
Enfin, ménagez votre pompe lacrymale : clignez volontairement en lecture prolongée, faites des pauses visuelles, hydratez-vous correctement. Ces gestes, modestes mais constants, entretiennent un drainage fluide et réduisent les épisodes de larmoiement intempestif qui compliquent la vie quotidienne.
- Hygiène palpébrale douce et régulière.
- Protection aux pollens, rinçage post-exposition.
- Pauses oculaires, clignements conscients.
Quand la maison ne suffit plus : quelles options médicales existent ?
Si le larmoiement persiste, l’ophtalmologiste évalue la perméabilité par irrigation et recherche une cause mécanique. Chez le nourrisson, le sondage du canal, rapide et très efficace, règle souvent la situation. Chez l’adulte, on discute dilatation, intubation ou DCR selon le siège de l’obstacle.
La décision se fonde sur les symptômes, l’examen, parfois l’imagerie. L’objectif reste identique : rétablir un flux lacrymal fonctionnel et un confort durable. Les techniques modernes sont bien codifiées, avec des suites généralement simples quand l’indication est correctement posée et le terrain préparé.
Rassurez-vous : la plupart des patients retrouvent une vie visuelle confortable. Et même après un geste médico-chirurgical, les routines d’hygiène restent les meilleures alliées pour prévenir les rechutes et garder une surface oculaire apaisée au quotidien.
Check-list sécurité avant toute « recette » maison
Certains signes imposent un avis sans délai : douleur marquée, rougeur diffuse, fièvre, écoulement purulent, tuméfaction chaude et sensible au coin interne. N’appliquez jamais de pression forte ni de produits agressifs dans ce contexte. La priorité, c’est l’évaluation et le traitement adaptés.
- Douleur + fièvre + pus = consultation urgente.
- Larmoiement unilatéral rebelle chez l’adulte = avis spécialisé.
- Chez l’enfant : masse douloureuse au canthus = stop massage, avis rapide.
En résumé. Les remèdes de grand-mère les plus efficaces sont les plus simples : chaleur tiède, hygiène stérile, massage bref et précis. Faites-en des habitudes, respectez les signaux d’alarme, et n’hésitez pas à demander un avis si la gêne persiste. Vos yeux vous diront merci.