Il suffit d’échanger quelques mots entre jeunes parents pour que le nom revienne rapidement dans la conversation : Zyma D. Prescrit quasiment d’office à la maternité, ce petit flacon d’apparence anodine déclenche parfois un débat brûlant.
Et si cette précieuse vitamine D était responsable des fameuses coliques de bébé ? Une idée qui circule, s’amplifie sur les forums, alimente les discussions entre biberons et nuits courtes.
Alors, mythe parental ou fond de vérité ? On a fait le tri entre les ressentis et les faits.
À quoi sert Zyma D, et que contient-il exactement ?

Derrière le nom, un classique de la pédiatrie : de la vitamine D3 (colécalciférol), indispensable à la croissance osseuse du nourrisson. En France, la supplémentation est fortement recommandée dès la naissance pour éviter le rachitisme, une maladie due à une carence sévère.
Zyma D contient 10 000 UI de vitamine D par ml, administrée généralement à raison de 1 à 2 gouttes par jour (1 goutte = 300UI).
Mais ce qui fait tiquer certains parents, ce n’est pas la vitamine elle-même. Ce sont les excipients.
Notamment l’essence d’orange douce, utilisée pour améliorer le goût, mais qui pourrait irriter les intestins sensibles des bébés. Certains médecins pointent aussi la présence d’huile essentielle, inadaptée à certains nourrissons.
Ce cocktail, pourtant banal pour un adulte, peut provoquer de petits désordres digestifs chez un organisme encore en rodage.
D’où le soupçon : et si ces coliques qu’on croyait « normales » étaient en partie liées à ce complément vitaminé ?
Quand les parents suspectent Zyma D d’être responsable des coliques du bébé

Il suffit de taper « Zyma D colique » sur un moteur de recherche pour tomber sur des dizaines de témoignages. Des mamans (et parfois des papas) racontent qu’après plusieurs semaines de pleurs inconsolables, de gaz et de contorsions, les symptômes se sont apaisés dès l’arrêt de Zyma D.
Une maman confie sur un forum : « Mon fils hurlait tous les soirs, je pensais que c’était normal. Puis une copine m’a parlé de Zyma D. On a arrêté. Trois jours plus tard, plus rien. C’était bluffant. »
Est-ce une coïncidence ? Peut-être. D’autant que les coliques sont extrêmement fréquentes entre 4 et 12 semaines, période où le système digestif se met en place.
Selon Mpedia, environ 30 % des nourrissons sont concernés par ces douleurs abdominales. Mais ce qui interroge, c’est la récurrence des récits : nombreux sont les parents qui relèvent une amélioration nette après avoir remplacé Zyma D par un autre complément, comme Adrigyl ou Pediakid.
Que dit la science sur le lien entre Zyma D et colique?
Selon le CHU deJusqu’ici, aucune étude médicale rigoureuse n’a établi de lien direct entre Zyma D et les coliques.
Le Dr Julie Salomon, pédiatre pour la plateforme Qare, rappelle que les coliques sont multifactorielles : elles peuvent être liées au lait, à l’immaturité du microbiote, au stress ou même… à rien de précis.
Mais ce n’est pas parce qu’aucune preuve formelle n’existe que le ressenti des parents doit être balayé.
Certains bébés peuvent avoir une sensibilité individuelle aux excipients présents dans Zyma D. Notamment l’huile essentielle d’orange douce, qui peut accentuer les reflux ou les douleurs chez certains petits organismes particulièrement réactifs.
Par ailleurs, des effets secondaires rares mais notifiés dans la base publique des médicaments incluent des troubles digestifs, des nausées ou de l’irritabilité. Ce n’est pas une preuve, mais un faisceau d’indices suffisant pour inciter à la vigilance, surtout en cas de doute.
Le vrai danger : le surdosage
Là où le risque est bien réel, c’est du côté de la dose. En 2020 et 2021, plusieurs nourrissons ont été hospitalisés en urgence à cause d’un surdosage accidentel de vitamine D. Parfois après usage de compléments non contrôlés achetés sur Internet, parfois à cause d’une confusion sur la concentration des produits.
Les recommandations officielles sont claires : 400 à 800 UI par jour, jamais plus. Au-delà, on parle d’hypercalcémie, de troubles rénaux, de lithiase, et dans les cas extrêmes, de néphrocalcinose. Un danger bien plus tangible que les coliques.
D’où l’importance de respecter scrupuleusement la posologie, et de ne pas multiplier les sources de vitamine D sans en parler à votre pédiatre. L’enjeu ici n’est pas le confort, mais la sécurité.
Que faire si vous avez un doute ?

La première étape est simple : parlez-en. Votre pédiatre est là pour ça. Il pourra vous proposer de changer de formule (Adrigyl, Pediakid, Deltius…), souvent mieux tolérées car sans huile essentielle. Il pourra aussi vérifier qu’il ne s’agit pas d’un autre facteur, comme le lait ou une mauvaise posture digestive.
Vous pouvez aussi, sans tout arrêter brutalement, tester une suspension temporaire ou un changement de marque pendant quelques jours, en gardant un œil attentif sur les réactions de bébé. Certaines familles trouvent un vrai mieux-être avec une alternative, quand d’autres ne notent aucune différence. Car oui, chaque bébé est différent.
L’autre levier, ce sont les probiotiques (comme BioGaia), parfois proposés en complément pour soutenir la flore intestinale. Et bien sûr, des gestes simples : massages du ventre, portage, chaleur douce, et surtout beaucoup de patience et de câlins.
Conclusion : ni panique, ni angélisme
Zyma D n’est pas le diable en flacon. Mais ce n’est pas non plus un produit anodin. C’est un médicament, avec ses bienfaits… et ses limites. S’il reste essentiel pour prévenir les carences en vitamine D, il peut, chez certains nourrissons, être mal toléré à cause de ses excipients.
Le tout est de ne pas rester seul avec ses doutes. Écoutez votre intuition, observez votre enfant, dialoguez avec les professionnels. Et surtout, gardez en tête que les coliques sont une phase transitoire, éprouvante mais temporaire.
Si changer de complément ou ajuster la dose peut améliorer le quotidien de bébé (et le vôtre), il serait dommage de s’en priver. Parfois, il suffit d’un petit changement pour que tout s’apaise.